Blog qui aime le vin! Avec humour, décontraction, et même une pointe de nonchalance. Avec des envies de partage et de découvertes. Du plaisir sans contrainte!
Faut-il arrêter d'acheter en hypermarché?
C'est ce que je me dis toutes les fois où je rentre dans un super-méga-maxi-hyper temple de la consommation.
Dépendant de denrées aussi périssables que du papier toilette, de la pâte à dentifrice ou des bouteilles d'eau gazeuse, j'ai l'impression de passer trop de temps dans ces lieux aseptisés au possible.
On ne se refait pas, je fais toujours un crochet par les linéaires "vins et spiritueux", avec toujours un soupir de lassitude, voyant toujours trop peu de qualité et une écrasante majorité de vins sans âme, vendus parce que "promotion" ou parce que "grand cru classé de ...".
Il y a toujours moyen de trouver quelque chose de "pas trop mal", mais le manque évident de conseils devant un étalage de centaines de bouteilles déroute le commun des mortels.
Quand j'achète une bouteille, que le vin me semble bon, il y a toujours un hic.
Le dernier article mettait en avant un vin pétillant de Vouvray plutôt plaisant, du domaine du petit coteau.
Un vin simple, mais de plaisir immédiat.
Comme les lecteurs de ce modeste blog sont géniaux, le commentaire de julien m'a interpelé...
""Pas moins de 7 mentions faisant référence à une agriculture biologique sur la bouteille.
Ca, aussi, cela aurait pu m'apeurer.
Il y a une vague odeur de "surf sur la mode du BIO".
Après, quand on apprend que le domaine est certifié utilisant des raisins issus de l'agriculture biologique depuis 2002, ça tempère (un peu)."
mouais.... pas très loin sur le rayonnage devait aussi y avoir du chateau de montcontour, c'est la même maison! 120 ha, très très loin d'être bio!
la raison de ce domaine en bio depuis 2002 mais certifié depuis 2005 est qu'il a été racheté par moncontour à marie annick lemaire ex dom lemaire-fournier de 2002 à 2004, et la certification et ses primes imposent de rester bios qq années. Et pour moncontour, vu le réseau de distribution et l'engouement pour le bio c'était un bon plan je suppose!
comme tu dis, "un bon surf sur la mode bio"
perso je passe mon tour"
Deux réactions à ce commentaire pertinent.
La première est que le vin était bon (pas génial, hein, bon...) et que c'est peut être dommage de ne pas vouloir ne serait-ce que le goûter.
Le bicéphale n'a jamais prêché pour une quelconque chapelle.
Nous sommes des consommateurs, avec la seule idée que le vin doit amener du plaisir.
Le vin n'améliore pas la santé, le vin n'est pas une valeur socio-économique majeure pour notre pays.
Tout cela, on s'en contre-fiche, le vin doit être bon, se boire entre amis avec une certaine modération pour en profiter un maximum.
Plus nous goûtons, plus nous prenons plaisir en buvant des vins avec une âme, une certaine éthique du vigneron qui se retrouve toujours dans l'amour du travail bien fait et, donc, au fond de la bouteille bue...
C'est une surprise pour nous de voir que la quasi-totalité des billets porte sur des vignerons indépendants, loin des grosses structures, avec des rendements maitrisés, avec des vignes chouchoutées avec le moins de chimie possible, une vinification respectueuse des terroirs.
Ce n'était pas planifié, nous ne voulions que des vins de copains.
Plus on boit, plus les goûts s'aiguisent.
Si une personne toute simple comme le bicéphale peut prendre du plaisir avec un "vin de supermarché", il y reviendra.
La curiosité va le démanger et il en redemandera...
Si une seule personne sort du circuit de la grande distribution pour pousser la porte d'un caviste ou celle d'un caveau de vigneron, alors, là, whaouh, un millier d'horizons s'ouvrira devant lui.
C'est une réalité que 80% des vins achetés le sont en grande distribution.
C'est une réalité que le prix moyen d'une bouteille vendue en supermarché est 3,60 euros.
Aiguiser sa curiosité, ne pas s'enfermer dans des paroisses trop étroites, essayer des vins...
Tout cela est un moyen de tenter d'amener vers plus de qualité et de sortir des stéréotypes de la grande distribution.
Alors s'il n'y a qu'une petite chance d'écrire sur un vin qui ouvre une porte à un lecteur, et qu'il se dise après avoir bu (par exemple) un Vouvray cité dans le blog, "j'en veux encore, allons voir les autres (par exemple) Vouvray chez le caviste du coin", le bicéphale pourra mourir heureux.
C'est une piste, loin d'être la seule, vers un "mieux boire"...
Le lecteur avide de belles découvertes peut aussi aller directement à la case "salons des vins", à celle du caviste sérieux, ou à celle qui mène directement à la porte du domaine du vigneron.
Une piste parmi tant d'autres que le bicéphale explore quotidiennement avec un droit à l'erreur assumé, et avec une certaine bonhommie...
La deuxième réaction au commentaire de ce lecteur malin a été de se demander s'il y avait de l'espoir dans la grande distribution...
Il y a trop peu de place pour les vignerons indépendants dans les rayons.
Et ce n'est pas la faute des vignerons...
La prise de conscience par les bloggeurs (ceux qui sont loin des réalités du monde viticole...) des difficultés des vignerons indépendants a été un électrochoc, avec le cas particullier d'Olivier B., qui (j'espère) sera un déclic pour nous tous pour des actions à venir.
Ils produisent sur des surfaces "humaines", devant à la fois être des viticulteurs sérieux et respectueux de la nature, des parfaits comptables, mais aussi des publicitaires, des commerciaux, des génies des méandres de l'administration, des piliers de l'oenotourisme, des promoteurs du terroir (etc...).
La grande distribution est une machine à profits qui broie les marges.
Elle exige de grosses quantités, aime les "promotions-bonnes affaires" et reste peu regardante sur la provenance du vin.
Elle colle aux modes de consommation (le BIO...), se donne une nouvelle virginité, deux fois par an, en favorisant quelques vignerons dans l'énorme magma des "foires aux vins".
L'idéal, dans un monde parfait, serait une grande distribution qui laisse une place plus importante à la qualité, avec un travail de partenariat local moins contraignant, sans inféoder le vigneron.
Les chiffres le prouvent (et ils aiment bien les chiffres dans la grande distribution).
Nous buvons moins, mais de meilleure qualité.
On trouve de temps à autre des belles bouteilles, cachées au milieu des vins de grands négoces.
Demander à un hypermarché de nous éduquer sur le bon vin et de devenir un militant du "mieux boire", c'est sûrement une belle utopie, limite "se tirer dans le pied" pour la grande distribution...
Mais un beau coin de linéaire "vigneron indépendant" serait apprécié (La FNAC le fait bien avec la musique, avec un petit coin des auto-produits où on peut trouver des petites perles...), et aurait sûrement un beau succès.
La grande distribution ne pourra pas passer à travers ce changement de mode de consommation des buveurs de vin.
Le bicéphale n'a donc aucune réponse valable à fournir sur cette question du "faut-il acheter du vin en hyper?".
Je continue à acheter (de moins en moins) du vin en hyper (j'ai trouvé du Gauby, du Guffens-Heynen, du Jean-Paul Brun...), même si je vais chercher des informations et mes plus belles découvertes chez les cavistes, et que j'adore par dessus tout aller embêter (gentiment) le vigneron chez lui.
Je considère la grande distribution comme des roulettes de chaque côté d'un vélo pour le jeune apprenti cycliste.
Certains n'en ont pas besoin, certains s'en débarrassent très vite, d'autres les gardent de côté "au cas où".
Mais tous veulent, un jour ou l'autre, prendre de la vitesse et faire des roues arrière tranquillement et découvrir de superbes paysages...
On veut tous devenir des "Jalabert" et grimper le mont Ventoux sans roulette...