Blog qui aime le vin! Avec humour, décontraction, et même une pointe de nonchalance. Avec des envies de partage et de découvertes. Du plaisir sans contrainte!
Sans ami, le bicéphale n'est rien...
Incapable d'ouvrir une bouteille seul, il dégoupille plus vite que son ombre dès qu'il est entouré.
Toutes les occasions sont bonnes, mais il y en a certaines qui sont encore meilleures.
Comme lorsque "La Grosse Commission" se réunit...
Deux fois par mois, trois jeunes éphèbes se réunissent. Ils transpirent ensemble. Ils s'arrachent les doigts et les bras ensemble. Il se broient les tympans ensemble.
La Grosse Commission se déchire sur des morceaux ondulant du vieux punk vers le blues rock.
Deux fois par mois, vers 11 heures du matin, le petit village paisible de l'Ain est rythmé par les frappes sourdes de la batterie de Fifo.
Les sonotones des petits vieux vrillent à cause de la saturation de la "Flying V" de Fred...
Ca hurle, ca joue plus ou moins bien.
Ca s'amuse.
Mais après un (relatif) effort, il faut un gros réconfort...
C'est le moment de s'asseoir, de manger et de boire.
En plus d'être un riffeur bourré de feeling, Fred est celui avec qui je partage le plus de vins, avec un goût sûr et de belles armes en dégustation.
(remarquez ce magnifique tee-shirt de Fred, avec Ozzy mangeant une bat-chauve-souris)
Et notre "Bill Ward" franc-comtois, Fifo est une fine lame de la dégustation, grand spécialiste (pas que) du Jura. Des connaissances qui me surprennent toujours...
(Fifo arborant une magnifique impression des Cramps sur son poitrail musclé)
Les bouteilles peuvent trembler.
Après une petite heure de musique, nous avons soif et faim...
Je profite de l'occasion pour goûter des vins et profiter de leurs commentaires.
Ce jour-là, j'avais une bouteille qui ne m'avait pas trop emballé une première fois et que je voulais réeesayer sur les conseils avisés de maître Olif (que les dieux t'accueillent au Walhalla du rock 'n roll).
Un "Côtes du Jura 2006" de Laurent Macle.
Laurent Macle est une star du Jura, reputé pour son Chateau-Chalon;
Il ne cultive que du chardonnay et du savagnin, les deux principaux cépages "blancs" du Jura, ne proposant que son "Côtes du Jura", son Chateau-chalon, un crémant et un macvin.
Plutôt sain comme approche dans un monde vinique où les vignerons multiplient les cuvées de toutes les couleurs, pétillants ou pas, pour satisfaire tous les consommateurs.
Là, on est dans une toute autre démarche.
Je m'étais déjà raté sur les vins de Laurent Macle, les trouvant trop typés, trop "conservateurs", trop "rétro".
Trop garants de la tradition jurassienne.
Mais (et c'est le seul conseil qu'un bicéphale peut vous donner en ce qui concerne le vin) il faut toujours regoûter un vin, idéalement dans des conditions différentes.
Le "Côtes du Jura" proposé par Laurent Macle est un assemblage de chardonnay et de savagnin, élevé en fûts durant deux ans sous voile, non ouillé (comme Fifo l'a toujours dit...).
Le vin s'évapore durant son élevage (la fameuse part des anges), et ouiller veut dire que le vigneron "rempote" du vin dans le fût pour que le vin garde un contact total avec le bois et empêcher une oxydation du vin.
Dans le Jura, les choses sont toujours un peu différentes.
Le savagnin supporte très bien l'oxydation et prend du volume, de la complexité en s'oxydant, donnant ce goût de Jura inimitable.
En versant le vin dans le verre, il a une belle couleur bronze pâle, dense, avec quelques dépôts qui volent, tournoient et disparaissent.
Le nez est caractéristique du "Jura non ouillé", noix fraîche, miel, sirop d'érable. Une odeur très marquée, tout sauf discrète.
A la première gorgée, déception...
Le vin tombe d'un coup après une acidité décapante.
Ach, le sort s'acharne contre moi.
Je gémis déjà, je convulse de déception...
Mais Fred et Fifo ne mouftent pas.
Ils prennent leur temps, aérent le verre, laissent monter le vin.
Je le fais aussi.
Et, là, vavavoum!!!
Ce vin est vraiement très bon.
Sur une trame acide tranchante d'une longueur complétement incroyable, le vin est tendu.
Dans labouche, c'est la baston entre les épices (cumin, cannelle, curry), la noix et l'amande pour finir sur le fil dans des notes de granny smith.
Une baffe...
Le lendemain, le vin montre encore plus de précision.
Cette longueur, ce goût franc et marqué mais fin et précis.
Whaouh.
C'est délicieux, mais plutôt pour un public averti du goût du Jura.
Parce que ça peut surprendre tant de finesse et tant de goût dans un seul verre.
La Grosse Commission reste punk et brûle les idoles comme cette magnifique conclusion de Fifo qui a pourtant apprécié ce vin du domaine Macle.
Punk's not dead!