Le bicéphale est un jeune cirrhotique nourri aux "Gouttes de Dieu".
Nous avons commencé à nous passionner pour la belle bouteille et le joli vin, en même temps que l'apparition du tome 1 de ce manga.
Grand malade d'images dans des carrés avec des bulles dedans qui racontent des histoires, l'unicéphale bressan avait même offert pour Noël ce premier tome à un Stéphane qui avait depuis longtemps perdu son âme d'enfant.
Trop occupé à lire ses bouquins sur la philosophie quantique de la vie absolue (sûr qu'il y planque ses bouquins de fesses...), il avait pourtant adoré cette histoire simple et prenante.
On vous la fait court.
Le jeune fils du plus célèbre oenologue du monde fraîchement décédé doit élucider des énigmes autour du vin pour récupérer son héritage.
Il doit "croiser le fer" avec un jeune surdoué oenologue.
12 énigmes à résoudre, avec 12 vins dits "les apôtres" à retrouver.
Et une bouteille extraordinaire, la bouteille, "les gouttes de Dieu".
Nous avions un article en suspens depuis le début du blog sur ce phénomène au Japon et en Corée du Sud.
Le manga est scénarisé par de vrais oenologues tordus et amoureux du vin, les bouteilles et le vignerons sont respectés et dessinés avec un grand réalisme...
Mais ça avait tellement buzzé autour du manga (la divulgation en avant première de LA bouteille divine avant la fin de la série de 26 tomes), que nous l'avions laissé de côté.
Pour ne pas suivre la vague "buzzique" de l'internet qui se gave, vomit et oublie très vite...
Mais, voilà, nous continuons à le lire, ce manga.
Souvent, les vins présentés ne sont pas "buvables" par le bicéphale, parce que coûtant la peau des roustons.
Ah, bah, ça fait rêver les japonais les grands vins du domaine de la Romanée-Conti ou un Château Margaux...
Nous, nous partons du principe que si le vin est réservé à une élite, il ne nous concerne plus.
Donc on lit souvent le manga comme un beau roman de gare, où le riche et célèbre Stanley, troisième du nom, prend Katie, pourtant sans le sou, comme une chienne sur le capot de la Ferrari rutilante devant le manoir appartenant à la famille depuis des siècles.
Après moult péripéties, ils se marient et sont heureux...
Parfois, un vin, plus accessible (financièrement parlant, on s'entend), est évoqué dans le manga.
Le tome 16 est sorti il y a peu et, évidemment, je l'ai acheté et lu avec plaisir.
Et je suis heureux que l'on parle d'un vin de mon coin, un mâconnais, en plus bon et qui ne coûte pas un bras (11,50 euros).
Trois pages sont consacrées au Viré-Clessé vieilles vignes d'André Bonhomme.
Allez, je les mets comme teaser pour ceux qui voudraient se plonger dans les 16 tomes déjà parus...
L'étiquette du vin est toujours lisible et extra-fidèle à l'originale, l'année a juste été "gommée", mais on pourrait la dater de 2004, à confirmer avec le domaine.
Le vin est décrit, simplement, pour le rendre attrayant pour tous...
Il y a toujours ce petit côté extatique du dégustateur, un moment où le temps s'arrête et où le vin touche une autre dimension.
Ici, le vin d'André Bonhomme, un Viré-Clessé issu de vieilles vignes, évoque au héros un "tea time" entre amis avec thé à l'orange et génoises gourmandes.
Je suis passé voir la famille Bonhomme, pour voir un peu si elle avait des retours de ce manga (la dernière fois, c'était pendant le printemps de Viré-Clessé et j'étais déjà partiellement saoul...).
J'ai été chaleureusement accueilli par la femme d'André Bonhomme.
Le domaine est tenu depuis la retraite d'André Bonhomme par sa fille jacqueline et son gendre Eric Palthey, sur 18 hectares, avec une très grosse majorité de chardonnay, cépage de vin blanc.
Pas d'agriculture biologique, mais la (magique?) viticulture raisonnée prônée par les non-bio.
A priori, pas d'affollement du côté des japonais...
Je pensais que le manga avait ouvert en grand leur exportation en Asie et qu'ils s'étaient tous mis au japonais.
Mais, non, leurs exportations ne s'en sont pas (encore) ressenties.
A suivre.
J'ai pu, par contre, regoûté leurs vins et surtout le dorénavant fameux Viré-Clessé "vieilles vignes" 2007 du domaine André Bonhomme...
J'aime bien le Viré-Clessé...
Les vins sont souvent tranchants et vifs, avec de la matière.
La couleur de ce "vieilles vignes" est d'un joli doré pâle, d'une belle brillance.
Au nez, ça refoule bien du tonneau...
Il y a de la vanille à s'en boucher les narines avec les gousses.
Le vin est élevé uniquement dans des fûts neufs, car destiné à la longue garde.
Le domaine André Bonhomme a toujours revendiqué une garde longue par son terroir privilégié et par son élevage équivalente aux crus classés de la côte châlonnaise (Mercurey, Givry, Rully...).
On sent, après petite aération, des senteurs de poire mûre et l'odeur de fleurs blanches qui nous dit "voilà, vous êtes arrivés dans le mâconnais".
En bouche, je ne sens pas l'écorce d'orange des héros du manga, mais il y a bien une gourmandise dans ce vin.
Le boisé mériterait de se patiner un peu, de fondre avec le temps.
Ce gras donné par le boisé vanillé va s'estomper pour ne garder qu'un fond de matière et de corps.
Il va s'affiner, être moins "enchêné".
Mais le vin est déjà bon avec un superbe équilibre entre le fruit (poire, marmelade de coings) et l'acidité soutenue tout au long la bouche et s'étirant comme une longue lame d'acier frais.
C'est frais et gourmand à la fois, sans aucune sucrosité mais avec un gras et un boisé qui vont fondre.
Le Viré-Clessé n'est jamais à court de bons vins, et à des tarifs bas pour une qualité et un plaisir "dingues"...
N'oubliez pas que ceux qui veulent venir participer à la "nouvelle meute" pour la 13ème édition du printemps de Viré-Clessé les 16 et 17 avril 2011 n'ont qu'à me contacter!