Nous ne parlerions que de vins inaccessibles pour ceux qui habitent loin des vignes?
C'est ce que le bicéphale a ressenti en lisant plusieurs courriels et commentaires récemment reçus sur le blog.
Ce n'était vraiment, mais vraiment pas le but du jeu.
Nous préférerions recevoir des courriels d'insultes, nous traitant de gros nuls qui ne comprennent rien à rien (ouf, ça va, on en a toutes les semaines...).
Nous aimons aller à la rencontre des vignerons et parler des vins qui nous émeuvent, souvent surprenants, en cherchant dans les coins (ah, le gamay du domaine Labet...).
Mais, il n'a jamais été question de frustrer les lecteurs de notre humble et tout pourri blog!
Le bicéphale pensait juste qu'en parlant des vins achetés en grande distribution ou dans les grosses enseignes de picole, il était plus dur de vous donner envie d'ouvrir une bonne petite bouteille de bon vin à la tombée de la nuit en compagnie de votre belle...
Certes, nous rodons souvent dans les étals viniques des supermarchés, entre deux têtes de gondoles consacrées à des apéritifs toujours trop salés.
Le pire côtoie souvent le méga-pire...
(je ne peux que vous conseiller le site des Requins Marteaux, éditeur du magazine Ferraille)
Mais il peut y avoir des vins qui sortent du lot, qui attirent le regard par une atypicité inhabituelle au milieu des "Châteaux mescouilles en or" ou les vins des "maisons Gérard Mesfesses", standardisés au possible et aussi originaux que l'inventeur de la rondelle de citron dans le Coca.
Aujourd'hui entre du papier toilette triple épaisseur et des yaourts à la fraise, j'ai posé, dans mon caddie, une bouteille de "Auxerrois 2008", vin de pays de Franche-Comté des Coteaux de Champlitte.
A Champlitte, en Haute-Saône, il y a une tradition du vin, même si les vignobles n'ont été replantés que dans les années 70, après le désastre du phylloxéra.
"Les coteaux de Champlitte" est une société civile particulière gérée par Denis Jacquelin, avec un vignoble de 35 hectares, sans emploi d'engrais chimique.
Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus, car je n'ai (je crois) pas encore mis les pieds en Haute-Saône.
Mais visiter un vignoble au beau milieu de Nowhere peut être une prochaine expérience.
En prenant la bouteille dans mes mains, ma première réaction a été de me dire que c'était encore un "vin de touristes".
Mais la curiosité l'emporte à chaque fois et le tourisme de masse au Cora de Dole est un secteur qui semble encore être en devenir...
L'auxerrois est aussi un cépage de vin blanc que j'affectionne.
Originaire de Lorraine, il me fait souvent le confondre avec le sylvaner, même s'il a une lointaine parenté avec le chardonnay.
Il est utilisé souvent en assemblage avec le pinot blanc en Alsace, car réputé trop peu acide et trop neutre en goût.
L'auxerrois en monocépage est plutôt rare... Ca donne envie...
A l'ouverture, première belle surprise, le bouchon est en liège et il sent bon!
La robe est or très pâle, du type pipi très dilué.
Au nez, c'est très expressif!
Ca sent clairement le tilleul et les agrumes.
Le nez est simple mais très agréable, car il donne envie de croquer dans le vin.
En bouche, le fruité est léger, avec une longueur toute en pamplemousse rose, avec une acidité équilibrée et un petit côté "alcool" en première bouche.
Ce côté alcooleux disparait très vite pour laisser un vin au fruité simple de pamplemousse et une vivacité légère mais présente du début à la fin du verre.
Je continue à penser à un bon vin d'Alsace de cépage sylvaner.
Même si on est loin d'un vin indispensable à goûter avant son dernier souffle, il est frais, d'accès facile et avec un bon potentiel de "reviens-y".
Un vin qui n'aura pas peur de combattre un saucisson sec en apéro, voire une choucroute ou une pôtée aux choux, en apaisant le gras de la charcuterie.
Le prix de l'originalité devant vos convives ébaillis... à peine plus de 5 euros...
Un vin de pays de Franche-Comté simple, bon et facilement "achetable" en grande distribution, même pas cher... Il a bon, le bicéphale?
En musique, le "régional" de l'étape, Aldebert!